✈️ Venise, la beauté en automne
- Núria Carballo

- il y a 6 jours
- 9 min de lecture

Le calme avant Venise
Cela ne m'arrive jamais avec aucune autre destination. Dans les aéroports, je suis généralement pratique : montre, valise et billet. Mais quand le vol est pour Venise, dès l'arrivée, sous des rotations. Comme si le corps savait où il va avant la tête. La tension disparaît, le bruit passe au second plan et je commence à respirer plus lentement. Je sais que dans quelques heures je serai dans cette ville où tout flotte, où le temps se déplace au rythme de l'eau, ma deuxième maison.
Le vol avec Vueling depuis Barcelone dure un peu plus d'une heure et 40 minutes, mais cela me semble être un transit entre deux mondes : du bruit au silence, de l'air à l'eau, de la hâte au calme.
À huit heures du matin, l'air de l'aéroport Marco Polo sent l'automne et le sel. La brise marine vous accueille comme une vieille amie.
Le premier vaporetto a toujours le même effet : un mélange d'émotion et de paix. À l'horizon, les dômes se devinent à peine dans la brume. Respirez profondément... Venise, avant même d'arriver, vous offre déjà une vue magnifique.
🌫️ L'arrivée
Le vaporetto avance lentement, comme s'il savait aussi qu'à Venise, les choses ne se font pas à la hâte.
Pas de bruit, pas de voitures, pas de circulation. Et soudain, ce sentiment d'être à l'intérieur d'un tableau devient réel : Venise respire l'art et la beauté sans effort.
Chaque fois que j'arrive, la même chose m'arrive : j'ai l'impression de ne pas voyager dans un endroit, mais dans une émotion. En automne/hiver, lorsque les touristes sont moins nombreux et que le rythme redevient celui des Vénitiens, la ville montre sa version la plus authentique.
À huit heures et demie du matin, Venise est déjà réveillée mais sans bruit. Les gondoliers discutent, les premiers bateaux de livraison traversent le canal, et les cafés commencent à se remplir de locaux.

☕Le luxe du silence
Cette fois, je reste à côté de la Piazza San Marco, dans cette zone où tout bat d'histoire et d'élégance. Si je devais recommander trois endroits où séjourner à quelques pas, ce serait l'hôtel Danieli, un classique vénitien avec vue sur le cinéma ; La Fenice des Artistes, avec son atmosphère artistique et discrète, ou l'hôtel Flora, ce petit refuge avec un jardin intérieur qui conserve l'âme de l'hospitalité italienne. Différents hôtels, même code : calme bien compris.
Dès que je dépose ma valise, ma première destination n'a pas besoin d'être présentée : le Caffè Florian. Y entrer est presque un rituel. Ouvert depuis 1720, c'est l'un des plus anciens cafés du monde, et il a été témoin de siècles d'histoire, d'artistes, d'écrivains et de voyageurs qui, comme moi, ont cherché refuge dans son atmosphère.Boire le premier cappuccino du matin parmi ses miroirs dorés et ses fresques est une façon de remercier la ville pour son existence.Il n'y a pas d'endroit qui résume mieux l'esprit de Venise.
📖 Si vous voulez en savoir plus sur ce lieu emblématique, je vous invite à lire mon article complet sur le Caffè Florian, l'une de mes adresses préférées dans la ville.

De là, vous pouvez commencer à marcher sans but, Se perdre à Venise n'est pas un oubli : c'est presque une façon de la connaître. La ville est divisée en six sestieri - San Marco, Dorsoduro, Cannaregio, Castello, San Polo et Santa Croce -, chacun avec sa propre âme et son propre caractère. Marcher sur eux signifie traverser près de quatre cents ponts, des grands du Grand Canal aux plus cachés entre les cours et les ruelles.
Seuls quatre ponts traversent le Grand Canal : le Rialto, le dell'Accademia, le degli Scalzi et le della Costituzione, chacun avec son style et son histoire. Mais ce sont les petits qui définissent le mieux la ville, comme le Ponte dei Pugni, à Dorsoduro, célèbre pour les anciennes bagarres qui opposaient les quartiers rivaux. Marcher sur ces ponts, c'est parcourir des siècles d'histoire suspendue entre la pierre et l'eau, une chorégraphie de pas, d'échos et de reflets que seule Venise sait créer et à cette période de l'année, cela devient un privilège. Je me promène vers le Ponte dell'Accademia, où la vue sur le Grand Canal est tout simplement parfaite...( Prochainement : Les ponts les plus emblématiques de Venise →)Plus loin, le pont du Rialto apparaît majestueux, mais sans foule. Je peux m'arrêter sans bousculer, regarder le marché se réveiller et écouter les voix locales. Chaque coin a une histoire, chaque canal reflète un fragment d'art.
Venise vous apprend à regarder lentement, à ne rien chercher de concret, à vous laisser emporter par le bruit de l'eau et l'arôme du café qui sort des petites pâtisseries. Ici, chaque pas est un souvenir en construction.
⛪ Champs, églises et petits secrets
Une curiosité que j'aime toujours partager : dans toute Venise, il n'y a qu'une seule place, la Piazza San Marco. Tout le reste - aussi grand ou majestueux soit-il - s'appelle le champ. Ainsi se trouvent le Campo San Polo, le Campo Santo Stefano ou le Campo Santa Margherita, des endroits où se mélangent encore les voix des voisins et des enfants qui jouent.
Et parmi ces campus, surgissent des joyaux moins connus qui méritent d'être arrêtés : la Chiesa di San Barnaba, dont on se souvient pour son apparition dans Indiana Jones et la Dernière Croisade, mais aussi pour son calme lumineux et ses fresques discrètes ; la Chiesa di San Zaccaria, dont la crypte est inondée les jours de marée haute créant un reflet presque sacré ; ou la Santa Maria dei Miracoli, un petit chef-d'œuvre de marbres polychromes, si parfaite qu'elle ressemble à une boîte à bijoux cachée entre des canaux.
Et si vous passez par la région de San Polo, cherchez les bateaux de fruits et légumes qui amarrent le long du canal : des marchés flottant qui rappellent que Venise, malgré sa beauté immuable, est toujours vivante et quotidienne. Des détails comme celui-ci sont ceux qui rendent chaque visite différente, et que même en vous perdant, vous finissez toujours par trouver quelque chose de nouveau.
(Prochainement : Les églises les plus belles et les plus inconnues de Venise →)
🎨 L'art à l'état pur
Et c'est qu'ici, l'art n'est pas recherché : il apparaît simplement. Il apparaît sur chaque façade, dans chaque église, dans le reflet de l'eau sur les marbres, ou dans un tableau qui semble regarder en arrière. C'est une ville qui refroidit le bruit du monde pour vous laisser seul face à la beauté, sans voix, réduite à l'essentiel : en profiter.
Ma visite commence près de La Fenice, l'un des théâtres les plus beaux et les plus emblématiques d'Europe. Son histoire est aussi vénitienne que son nom : il est né de ses cendres plus d'une fois, tout comme le phénix. À l'extérieur, il semble discret, mais à l'intérieur, il éblouit - doré, velours, fresques - toute cette splendeur classique qui rappelle que l'art ici n'est pas une exposition, mais un mode de vie.
De là, vous pouvez marcher jusqu'à la Galleria dell'Accademia, ce temple où habite la couleur vénitienne.Canaletto, Titien, Véronèse...Chaque salle est une leçon sur la lumière et la matière, sur la façon dont la peinture était capable de capturer l'atmosphère de la lagune bien avant que les caméras n'existent. En hiver, lorsqu'il y a moins de visiteurs, vous pouvez vous déplacer tranquillement, presque en silence.
Quelques pas plus loin, en traversant le Canal Grande par le Ponte dell'Accademia, on arrive à un autre endroit qui m'émeut toujours : la collection Peggy Guggenheim. Là, dans un ancien palais face au canal, la modernité se mêle à l'histoire. Picasso, Dalí, Pollock, Kandinsky... vivent avec le brouillard vénitien comme s'ils y avaient toujours appartenu. Il est impossible de ne pas penser à Peggy - à sa vie libre, à son élégance excentrique, à son regard contemporain - et à la façon dont elle a su apporter le pouls de l'art moderne dans cette ville millénaire.
Et puis il y a la Venise des détails : les petits ateliers cachés dans le Dorsoduro, les portes en bois avec de la peinture écaillée, les mosaïques qui brillent dans les églises moins connues. Chaque coin semble vous rappeler qu'ici l'art n'est pas seulement contemplé, on respire jusqu'à transformer toute la ville en une galerie vivante.
À Venise, l'art fait taire le visiteur. Il ne vous invite pas à regarder, il vous oblige à ressentir.
🍝 Où manger à Venise
Bien manger à Venise ne fait pas exception, c'est presque une norme. Contrairement à d'autres villes très touristiques, ici la plupart des restaurants conservent le respect de la tradition et des produits locaux. Peu importe si vous choisissez une taverne simple ou un endroit plus raffiné : la cuisine vénitienne a ce point d'honnêteté qui se remarque dans chaque plat.
L'un de mes préférés est Il Buso, juste à côté du Ponte di Rialto. Ce n'est pas un restaurant prétentieux, mais il a quelque chose de spécial. La vue est impressionnante - littéralement sur l'eau - et le service, impeccable. Leurs nouilles à la vénitienne, avec des fruits de mer frais et la bonne touche de vin blanc, sont parmi les meilleures que j'ai goûtées. Et si vous préférez la viande, le steak de manzo aux légumes est un succès absolu : juteux, bien servi et avec cette saveur classique qui réconforte. Ici, tout coule naturellement, de l'attention à l'ambiance. S'asseoir au bord du canal, regarder les gondoles passer et manger lentement est un luxe simple et parfait.

🎭 L'hiver vénitien : entre marées et masques
Venise ne s'arrête pas, même lorsque l'eau monte. Pendant les mois de novembre et décembre, la ville vit son acqua alta, ces marées qui inondent les places et les obligent à marcher sur des passerelles en bois. Loin d'être un problème, cela fait partie de son caractère. Les Vénitiens continuent leur routine, les cafés sont toujours pleins, et il y a quelque chose de presque magique à voir la basilique San Marco reflétée sur l'eau.
À marée haute, s'asseoir pour prendre un café avec ses bottes en plastique est l'une des expériences les plus étranges et les plus attachantes que j'aie jamais vécues : voir comment la vie continue, élégante et calme, même lorsque tout semble immergé. C'est merveilleux, aussi étrange que cela puisse paraître.
Noël à Venise a un charme particulier. Les lumières se reflètent sur les canaux, les vitrines s'habillent d'or, et le son des chœurs dans les églises ajoute une chaleur inattendue au froid de la lagune. Il n'y a pas de stridence, comme si la ville savait qu'elle n'a pas besoin d'ornements pour être belle.
Et juste au moment où l'hiver semble se calmer, février arrive avec son moment le plus emblématique : le Carnaval de Venise. Les rues, les places et les palais sont remplis de masques et de costumes qui semblent sortir d'une autre époque. C'est un spectacle visuel et culturel qu'il faut vivre au moins une fois dans sa vie : un hommage au mystère, à l'art et à cette théâtralité si typique de la ville.
Venise change avec les saisons, mais aucune n'est aussi authentique qu'en hiver. Ici, la beauté ne s'éteint pas : elle devient simplement plus intime, plus la sienne.

🌅 Le coucher de soleil de Murano
Alors que l'après-midi s'éteint, je décide de prendre le vaporetto pour . Non pas pour une raison pratique, mais pour ce désir de voir Venise de l'extérieur, de contempler sa silhouette pendant que le jour fait ses adieux. Le trajet est court, mais suffisant pour que tout change : la lumière, l'air, le silence.
Lorsque le soleil commence à se coucher, les tons du ciel se transforment. D'abord doré, puis ambré, puis un violet doux qui semble se dissoudre dans l'eau. Depuis le pont du bateau, voir la ligne d'horizon de Venise découpée sur ce fond est une image qui reste gravée dans la mémoire. Les dômes, les clochers, les vieux toits... tout semble suspendu entre le ciel et le lagon, en parfaite harmonie.
L'eau reflète les derniers éclairs de la journée et le vent apporte cette odeur incomparable de sel. Le murmure du moteur du vaporetto se mêle au croassement lointain d'une mouette. Personne ne parle trop : c'est comme si tout le monde savait que ce moment mérite le silence.
Arriver à Murano à la tombée de l'après-midi est presque poétique. Les canaux deviennent des miroirs qui doublent le ciel violet. Marcher là-bas vous donne une tranquillité absolue, avec le manteau bien fermé et les mains glacées, il y a quelque chose d'hypnotique. C'est une Venise différente, plus intime, mais avec la même beauté qui ne s'explique pas.
D'ici, Venise ressemble à un rêve suspendu, à une promesse. Et je pense que peu importe combien de fois je reviens : ce coucher de soleil sera toujours différent, mais tout aussi parfait.

🌙 Conclusion
Il y a des endroits qui n'ont pas besoin de mots, et Venise est l'un d'entre eux. Sa beauté impose le silence et un profond respect. L'hiver révèle ici sa vérité, de proximité, d'authenticité. Il n'y a pas de décor, pas d'excès : seulement la ville et ses habitants, vivant à son rythme, sans prétention.
Je suis peut-être né ailleurs, mais Venise est ma deuxième maison.
Je l'ai choisie sans hésiter, parmi mille destinations possibles... même si parfois je pense que c'est Venise qui m'a choisi.
— Viajes de Ella

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